Goma, déjà fragilisée par le conflit, est désormais soumise à une justice parallèle. Le M23/AFC, un groupe terroriste qui opère illégalement sur le territoire, s’est arrogé le pouvoir d’arrêter des commerçants, se posant en garant de l’ordre commercial. Une quinzaine de marchands, accusés de fraude, ont été interpellés puis incarcérés à la prison de Munzenze. Ce geste, dénoncé comme arbitraire, révèle une nouvelle facette de la dictature imposée par le M23 et suscite l’indignation.
La loi du plus fort : le M23 se fait juge et partie à Goma
Depuis le mardi 12 août, les commerçants de Goma vivent dans la peur. Selon Radiookapi.net, l’AFC/M23, groupe armé qui s’est emparé de la ville de manière illégale, a initié une vague d’arrestations sous couvert de lutte contre les « pratiques commerciales trompeuses ». Une quinzaine de vendeurs de produits de première nécessité, majoritairement situés dans le quartier commerçant de Birere, ont été ciblés. Après de courtes auditions à la mairie, ils ont été envoyés à la prison centrale de Munzenze pour y être, selon les termes des rebelles, « réhabilités ».
Un représentant du M23 a justifié ces actions, accusant les marchands de réduire le poids des sacs de farine et de riz, de mélanger l’huile avec de l’eau, et de reconditionner des produits périmés. Si ces pratiques sont répréhensibles, les commerçants locaux y voient une autre motivation. Selon un membre d’une association de petits commerçants, ces arrestations visent en réalité à imposer un monopole au profit de marchands étrangers. L’objectif serait de contraindre les commerçants locaux à s’approvisionner auprès de ces derniers, sous peine de représailles.
L’hypocrisie du M23 est flagrante : alors qu’il a semé le chaos et déstabilisé la région, ce groupe terroriste tente d’instaurer sa propre loi, se positionnant comme une autorité légitime. Ce qui se présente comme une lutte contre la fraude est en réalité un acte d’intimidation et de racket déguisé, ciblant les plus vulnérables pour asseoir son pouvoir sur l’économie locale.
