Selon le dernier rapport « Commodity Markets Outlook » de la Banque Mondiale, les prix mondiaux des produits de base devraient dégringoler à leur niveau le plus bas depuis six ans d’ici 2026. Cette chute vertigineuse, estimée à -12% en 2025 et encore -5% en 2026, s’explique par une conjonction explosive : un ralentissement inquiétant de la croissance économique globale et une offre de pétrole étonnamment abondante.
Si cette perspective pourrait apporter un répit bienvenu face aux pressions inflationnistes à court terme, notamment celles exacerbées par la montée des barrières commerciales, elle représente un véritable coup de massue pour les deux tiers des économies en développement, dont la croissance repose en grande partie sur l’exportation de ces matières premières.
Cette baisse significative marquera la fin d’une période de flambée des prix, alimentée par le rebond post-pandémie et le choc de la guerre en Ukraine. En valeur nominale, les prix resteront supérieurs à l’avant-Covid, mais corrigés de l’inflation, ils devraient tomber pour la première fois sous la moyenne de la période 2015-2019.
La Banque Mondiale, par la voix de son économiste en chef Indermit Gill, tire la sonnette d’alarme face à cette volatilité inédite depuis les années 1970. Il exhorte les économies en développement à une triple action : rétablir la discipline budgétaire, créer un environnement favorable aux investissements privés et libéraliser le commerce.
Le rapport prévoit notamment une chute de 17% des prix de l’énergie en 2025, atteignant leur plus bas niveau en cinq ans, avec un baril de Brent attendu à 64 dollars en 2025 et seulement 60 dollars en 2026. Le charbon devrait également subir une dégringolade de 27% cette année. Paradoxalement, l’or, valeur refuge par excellence, devrait atteindre un niveau record avant de se stabiliser.
Cette prévision sombre souligne une décennie particulièrement turbulente pour les marchés des matières premières, marquée par les tensions commerciales, les conflits géopolitiques et les chocs climatiques. L’ère de la stabilité des prix des matières premières semble révolue, ouvrant la voie à une incertitude accrue pour l’économie mondiale.
