Le couperet est tombé. Selon le dernier rapport alarmant de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) publié ce mercredi 16 avril, le moteur du commerce mondial de marchandises risque de caler brutalement en 2025, avec une prévision de diminution de 0,2 %. Ce chiffre, glaçant, est amputé de près de trois points de pourcentage par rapport aux attentes d’un scénario commercial plus serein. La menace d’une contraction encore plus sévère, jusqu’à -1,5 %, plane si les tensions actuelles s’aggravent.
La Directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, n’a pas mâché ses mots : « Je suis profondément préoccupée par l’incertitude qui entoure la politique commerciale, notamment par le conflit entre les États-Unis et la Chine », s’inquiete-t-elle. Si une récente accalmie tarifaire a offert un répit temporaire, la persistance de cette instabilité constitue une épée de Damoclès au-dessus’de la croissance mondiale, avec des répercussions potentiellement dévastatrices pour les économies les plus fragiles.
Le rapport de l’OMC révèle un renversement de tendance saisissant par rapport à 2024, où le commerce de marchandises avait étonnamment
dépassé la croissance du PIB mondial. L’introduction massive de nouveaux droits
de douane depuis janvier a forcé les économistes de l’organisation à une réévaluation pessimiste, entraînant une révision à la baisse substantielle des
prévisions pour le commerce des biens et un ralentissement attendu pour le commerce des services, pourtant moins directement impacté par les tarifs douaniers.
Les risques qui pèsent sur ces prévisions sont loin d’être négligeables. La réactivation des « droits de douane réciproques » suspendus par les États-Unis et la contagion de l’incertitude politique commerciale pourraient amplifier cette crise. L’économiste en chef de l’OMC, Ralph Ossa, met en garde. « Nos simulations montrent que l’incertitude
des politiques commerciales a un effet modérateur significatif sur les flux commerciaux, réduisant les exportations et affaiblissant l’activité économique.
», argue-t-il.
L’impact de ces mesures tarifaires sera loin d’être uniforme. L’Amérique du Nord est annoncée comme le principal foyer de cette récession commerciale, avec une chute vertigineuse des exportations et des importations. Paradoxalement, la perturbation des échanges sino-américains pourrait créer des opportunités de réorientation pour d’autres régions, notamment l’Asie et l’Europe, et même offrir un sursis temporaire aux Pays les Moins Avancés (PMA).
Face à ce péril imminent, Ngozi Okonjo-Iweala lance un appel vibrant aux membres de l’OMC. « Face à cette crise, les membres de l’OMC ont une occasion sans précédent d’insuffler du dynamisme à l’organisation, de favoriser des conditions de concurrence équitables, de rationaliser la prise de décision et d’adapter nos accords pour mieux répondre aux réalités mondiales actuelles », a-t-il déclaré.
L’heure est grave. La menace d’un repli protectionniste et d’une paralysie du commerce mondial se précise, et seule une action concertée et audacieuse des nations pourra conjurer cette sombre prophétie.
Journaliste économique, je décrypte l’actualité financière et les tendances du marché. Spécialiste en communication des organisations, j’analyse leurs stratégies. Consultant, j’élabore des stratégies de communication globale percutantes pour les entreprises. Mon expertise se situe à l’intersection de l’économie, de la communication et du conseil.
