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Ituri : quand les chefs coutumiers s’arment du savoir pour éteindre les braises des conflits

L’Ituri, province longtemps déchirée par les antagonismes communautaires et coutumiers, pourrait bien écrire un nouveau chapitre de son histoire. Du 21 au 23 avril 2024, un séminaire crucial s’est tenu à Bunia, réunissant les figures d’autorité traditionnelles et d’autres acteurs provinciaux autour d’un objectif commun : s’approprier la politique nationale de prévention et de règlement des conflits. À l’issue de ces trois jours d’intenses échanges et d’apprentissage, un vent d’optimisme a soufflé, porté par l’engagement ferme des chefs coutumiers à devenir les artisans d’une cohésion sociale renforcée dans leurs propres entités.

L’atelier, organisé par l’administration militaire de l’Ituri avec le soutien technique et financier de la MONUSCO, a mis en lumière les mécanismes et les stratégies de la politique nationale conçue pour désamorcer les tensions et résoudre les différends au sein des communautés. Les participants, conscients des défis majeurs qui minent le tissu social iturien, ont manifesté une soif d’apprendre et un désir palpable de transformer leurs acquis en actions concrètes sur le terrain.

« Nous espérons que nous ne rentrons pas tels que nous sommes venus », a déclaré avec conviction le rapporteur de l’atelier, soulignant l’impact significatif de la formation reçue. « Nous avons reçu le bagage d’un canevas qui va nous orienter dans la résolution et la prévention des conflits communautaires et coutumiers », a-t-il souligné. Ces mots témoignent d’une prise de conscience collective et d’une volonté d’intégrer profondément les notions apprises pour initier un changement positif au sein de leurs communautés.

L’appel à l’action lancé par le vice-gouverneur policier de l’Ituri, le commissaire divisionnaire principal Raüs Chalwe, a résonné avec une force particulière. Il a exhorté les chefs coutumiers à ne pas considérer ces connaissances nouvellement acquises comme un simple bagage intellectuel, mais plutôt comme un véritable « levier » pour instaurer une paix durable. Son message a été clair et direct. L’appropriation des notions apprises doit se traduire par une dissémination active du savoir au sein de leurs entités.

« Je vous invite donc à vous l’approprier pleinement. Ne gardez pas ses acquis pour vous-même. Organisez des assises dans vos entités respectives, informez et formez les chefs des groupements et des villages, faites de cette politique un levier de stabilité, de justice et de développement local », a-t-il martelé, insistant sur la responsabilité qui incombe désormais aux leaders traditionnels.

Cette initiative représente une avancée significative dans la stratégie globale de pacification de la province de l’Ituri, pilotée par l’administration militaire depuis mai 2021 sous la conduite du lieutenant-général Johnny Luboya. En outillant les chefs coutumiers, figures d’autorité et de légitimité au sein de leurs communautés, l’administration militaire et la MONUSCO misent sur une approche de résolution des conflits ancrée dans les réalités locales et portée par des acteurs clés.

L’engagement public des chefs coutumiers à prévenir les conflits et à renforcer la cohésion sociale marque un tournant potentiellement décisif pour l’Ituri. Reste à observer avec attention la mise en œuvre de ces engagements sur le terrain. L’appropriation des notions apprises lors de ce séminaire ne sera véritablement significative que si elle se traduit par des actions concrètes, des initiatives locales et une transformation durable des dynamiques communautaires. L’Ituri place désormais ses espoirs dans la capacité de ses leaders traditionnels à devenir de véritables ambassadeurs de la paix et de la cohésion sociale, armés non pas de fusils, mais du pouvoir du savoir et de la compréhension mutuelle.

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