Le lancement de la rédaction du Plan National du Numérique 2026-2030 (PNN2), ainsi que de la première Stratégie nationale de l’Intelligence Artificielle, par le Ministre Augustin Kibassa Maliba le 8 octobre, marque une ambition renouvelée pour faire de la RDC un hub numérique régional. Cependant, cette nouvelle feuille de route soulève une question fondamentale : pourquoi un doublement de stratégie, et non une simple continuation, si le premier plan n’a atteint que « 60% de réalisation » ? Le PNN2, avec son budget d’un milliard de dollars d’investissement public, est-il l’accélérateur promis ou le rappel qu’un premier élan n’a pas suffi à briser les barrières de la fracture numérique ?
Du PNN1 au PNN2 : la continuité sous contrainte
Le Plan National du Numérique Horizon 2025 (PNN1), lancé en 2019, avait déjà posé les bases autour de quatre piliers (Infrastructures, Contenus, Usages, Gouvernance/Régulation), visant la modernisation de l’État et l’extension de la couverture. La première phase, avec des succès notables comme l’amélioration de la connectivité (CAB5) et les débuts de l’e-gouvernement, était essentielle.
Le PNN2 ne renie pas son prédécesseur, il l’amplifie. Il reprend les quatre piliers fondamentaux et ajoute des axes transversaux cruciaux comme l’IA, la souveraineté technologique et les partenariats stratégiques. Cette évolution est nécessaire, car, comme l’a expliqué le ministre Kibassa Maliba, « Il s’agit de capter les dividendes du numérique et de positionner notre pays, riche en minerais critiques… comme un catalyseur d’investissements ». La RDC lie désormais son rôle de fournisseur de minerais à celui de « catalyseur de solutions ».
L’impératif de l’accélération technologique
L’introduction de l’Académie congolaise de l’IA et le budget conséquent (1,5 milliard USD total) illustrent la volonté d’atteindre le statut de pays émergent d’ici 2030. La mise en place d’un second plan ne doit pas être vue comme un échec du PNN1, mais comme la reconnaissance que la vitesse de la révolution numérique est exponentielle. L’échéance de 2025 s’est révélée trop courte face à la complexité des chantiers (déficit énergétique, incohérence fiscale) et aux défis technologiques émergents (IA, 5G).
Le PNN2 est donc l’affirmation qu’il faut investir massivement pour que le potentiel économique estimé par la GSMA (4,1 milliards USD d’ici 2029) ne reste pas une simple projection. Kinshasa prend acte des acquis, consolide les bases, et tente, avec une enveloppe financière plus ambitieuse, de passer du statut d’initiateur à celui de réalisateur pour que la transformation numérique soit enfin palpable pour tous.

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