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Lettre ouverte aux frères kasaïens et katangais : pour une conscience nationale au-delà des clivages ethniques

Chers frères kasaïens (Luba) et katangais (Lubakat),

L’histoire est têtue. Elle nous enseigne que les peuples du Kasaï et du Katanga partagent un ancêtre commun, une mémoire lignagère qui devrait vous unir au lieu de vous opposer. Pourtant, malgré cette filiation ancestrale, les réalités contemporaines trahissent un profond malaise identitaire et politique. Les rivalités tribales et les querelles de leadership semblent avoir pris le pas sur la fraternité originelle. Cette fracture est d’autant plus préoccupante qu’elle se joue dans un contexte national où l’unité fait cruellement défaut.

Dans quelques mois, notre pays commémorera le 65e anniversaire de son indépendance. Un moment qui aurait dû symboliser l’aboutissement d’un processus d’émancipation politique, économique et sociale. Or, les faits sont là, implacables : le Congo, malgré ses richesses innombrables et son potentiel humain inestimable, reste tributaire du diktat des puissances occidentales. L’autonomie que nous pensions conquérir en 1960 demeure, dans bien des aspects, une illusion.

Alors, une question s’impose : jusqu’à quand continuerons-nous à vivre dans cette dépendance travestie en souveraineté ? Jusqu’à quand accepterons-nous que nos divisions internes servent de prétexte à une balkanisation rampante orchestrée par des intérêts étrangers ? Cette menace n’est plus théorique. Elle est réelle, palpable, et soutenue par des agendas géopolitiques qui n’ont rien à voir avec le bien-être du peuple congolais.

Dans cette logique, vos dissensions, chers frères du Kasaï et du Katanga, deviennent un catalyseur du chaos. Pendant que vous vous déchirez pour des positions de pouvoir, des postes ministériels, ou des zones d’influence économique, les autres composantes de notre pays, marginalisées, observent une gestion de la chose publique qui ne reflète ni la diversité du Congo, ni l’équité régionale tant prônée par nos textes fondamentaux. Car oui, il faut le dire sans détour : vous détenez plus de 50 % du pouvoir politique et administratif, mais cette prépondérance semble alimenter davantage la division que l’unité.

Il est temps de tirer les leçons de l’histoire et de faire preuve de maturité politique. Le Congo ne pourra émerger tant que certaines tribus continueront de se croire investies d’une mission de domination, tandis que d’autres sont reléguées au rang de spectateurs dans leur propre pays. L’élite kasaïenne et katangaise doit prendre conscience de sa responsabilité historique : bannir les rivalités ethniques, œuvrer pour l’inclusion, et participer activement à la construction d’un État véritablement démocratique, équitable et uni.

L’avenir de notre nation ne réside ni dans les ambitions individuelles, ni dans la reproduction des dynamiques coloniales de division. Il réside dans une solidarité intercommunautaire renouvelée, où chaque tribu, chaque région, chaque citoyen, quelle que soit son origine, peut se sentir acteur du destin collectif.

L’heure n’est plus à la compétition identitaire, mais à la coopération nationale. Et cela commence par vous.

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