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RDC : Un nouveau comité, de vieilles promesses ? La « fluidification » de la dépense publique à l’épreuve du réel

Le ton est donné. Face aux retards chroniques qui plombent l’exécution du budget, le gouvernement de la RDC dégaine une nouvelle fois l’arme institutionnelle : un « mécanisme conjoint, permanent et opérationnel » pour accélérer la chaîne de la dépense. Derrière l’annonce du Vice-Premier Ministre du Budget, relayée par le Conseil des Ministres, se cache pourtant un air de déjà-vu. Le nouveau « Comité de la gestion de la chaîne de la dépense », qui doit coordonner Budget, Finances et Banque Centrale, suffira-t-il à déverrouiller durablement la trésorerie ou n’est-ce qu’une nouvelle strate bureaucratique, symptomatique d’une gouvernance qui peine à passer de l’intention à l’action ?

Fluidifier la dépense en RDC : le comité de trop ou le sursaut nécessaire ?

Le mandat présidentiel est clair : fluidifier la chaîne de la dépense pour que l’argent public, une fois budgétisé, atteigne sa destination sans l’inertie habituelle. En réponse, le Vice-Premier Ministre, Ministre du Budget, a dévoilé un nouvel arsenal : la mise en place d’un Comité de la gestion de la chaîne de la dépense, regroupant des experts du Budget, des Finances et de la Banque Centrale du Congo (BCC). L’objectif affiché est louable : assurer la liquidation et le paiement des dépenses publiques dans les délais, tout en respectant la disponibilité budgétaire et, point crucial, la disponibilité réelle de la trésorerie.

L’initiative, fruit d’une concertation avec le Ministère des Finances, s’articule autour de quatre pistes principales dont une meilleure coordination des documents stratégiques (PEB, PTR, PPM), la redynamisation du comité, le strict respect des procédures d’exécution, et l’accélération de la déconcentration de l’ordonnancement.

Le spectre du « Déjà-Vu »

Si l’intention est salutaire, elle n’est pas sans soulever un scepticisme légitime. Combien de comités, de circulaires, ou de « mécanismes conjoints » ont déjà vu le jour en RDC pour rationaliser la gestion des finances publiques ? Les défis ne résident généralement pas dans l’absence de structures ou de procédures, mais dans leur application rigoureuse et la volonté politique de contourner les pesanteurs ou les intérêts particuliers qui prospèrent dans le flou.

Le cœur du problème réside souvent dans la déconnexion entre le Plan d’Engagement Budgétaire (PEB), qui planifie les dépenses, et le Plan de Trésorerie (PTR), qui gère l’argent réellement disponible dans les caisses de l’État. En théorie, le nouveau comité devrait forcer une harmonisation, évitant que des dépenses soient engagées sans l’assurance d’un financement imminent. Mais sera-t-il capable de s’affranchir des pressions politiques qui dictent parfois des engagements irréalistes ?

L’épreuve du contrôle et de la sanction

La redynamisation d’un comité d’experts pour le suivi et l’évaluation périodique est une mesure de contrôle. Cependant, l’histoire récente des finances publiques congolaises montre que la véritable faille se trouve souvent dans le maillon final : la sanction. Rappeler aux Ordonnateurs le strict respect des procédures, via un projet de Lettre à la Première Ministre, est un bon début, mais l’efficacité de ce mécanisme sera jugée à l’aune de sa capacité à punir les dérives et les lenteurs intentionnelles.De même, l’accélération de la déconcentration de l’ordonnancement – pourtant prévue par la Loi relative aux Finances Publiques – est une nécessité pour désengorger Kinshasa, mais elle doit s’accompagner d’une montée en compétence effective des unités déconcentrées, sous peine de transférer le chaos administratif du centre vers la périphérie.

Le projet d’Arrêté interministériel Budget-Finances est donc attendu de pied ferme. Ce texte devra définir non seulement l’organisation et le fonctionnement du comité, mais aussi et surtout, son pouvoir réel et son indépendance face aux ministères dont il est censé coordonner les actions. La RDC a-t-elle finalement trouvé l’outil qui fera respecter les règles existantes, ou assiste-t-on, une fois de plus, à l’érection d’un nouveau monument administratif qui masquera les problèmes structurels ? C’est la question critique que se posent les opérateurs économiques et les citoyens, premiers impactés par les lenteurs de la machine à dépenser de l’État.

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