Un voile de désespoir plane sur les étals des marchés de Goma. L’arrivée des maigres cargaisons de fruits et légumes sur les rives du lac Kivu ne ravive aucune joie chez les vendeuses, dont le commerce s’étiole au rythme de la crise économique et de l’emprise du M23. La ville, privée de liquidités en raison de la fermeture quasi-totale des banques et de la rupture des chaînes d’approvisionnement, voit ses habitants lutter pour joindre les deux bouts.
« Tu peux avoir un panier de citron à 20 000 francs congolais, mais tu vas attendre plus de 3 jours pour réussir à tout vendre », témoigne une commerçante, illustrant la paralysie du marché où « il n’y a pas d’acheteurs ». L’inquiétude des habitants de Goma, à l’instar de Gina Guga, dépasse la simple pénurie. Un nouveau fardeau pèse sur leurs épaules : les impôts prélevés par le M23, maître de la ville depuis fin janvier.
« On a des problèmes avec les taxes. Le client ne vient plus mais chaque fin de mois, on vient demander la taxe. Ça devient compliqué pour avoir l’argent de payer ça », dénonce une autre vendeuse, exprimant le cercle vicieux où la baisse d’activité ne dispense pas des exigences financières des rebelles.
Dans les zones contrôlées par le M23, les petits commerçants sont contraints de verser des taxes pouvant atteindre 20%. Cette ponction s’étend jusqu’à la riche cité minière de Rubaya, où les rebelles imposent une taxe de 15% sur la valeur de la production de coltan, une manne financière destinée à alimenter leur rébellion.
Si le M23 reste discret sur ses revenus, les estimations d’un expert gouvernemental révèlent l’ampleur du pillage. La mine de Rubaya générerait entre 375 000 et 450 000 USD de recettes fiscales mensuelles pour le mouvement rebelle. Ces fonds, soutirés à une population déjà fragilisée, contribuent à perpétuer un cycle de violence et à étouffer davantage une économie locale à genoux.
Avec TV5 Monde (Journal Afrique)

Journaliste économique, je décrypte l’actualité financière et les tendances du marché. Spécialiste en communication des organisations, j’analyse leurs stratégies. Consultant, j’élabore des stratégies de communication globale percutantes pour les entreprises. Mon expertise se situe à l’intersection de l’économie, de la communication et du conseil.