Depuis la fin janvier 2025, la cité lacustre de Goma suffoque. La prise de la ville par les rebelles du M23 a eu une conséquence aussi inattendue que dévastatrice : la quasi-disparition du franc congolais des circuits financiers. Dans ce contexte de paralysie bancaire et de non-paiement des fonctionnaires, la monnaie nationale est devenue une denrée rare, laissant la population face à un quotidien économique et social cauchemardesque.
« Oh là là, je venais à les tirer parce qu’il fallait les payer, les loyer. Aujourd’hui, je n’arrive pas à les faire parce que les banques sont fermées », c’est le cri du cœur d’Éric Kanani, agronome et ancien fonctionnaire, qui révèle l’absurdité d’une situation où l’accès à son propre argent est impossible. Pour survivre, il en est réduit à la débrouille la plus élémentaire. « Comme on n’a rien à faire, on est obligé de se concentrer à ça, à temps plein. Tous les jours, en attendant que la situation puisse s’améliorer », a-t-il fait savoir.
L’absence de francs congolais a créé une inflation galopante, le dollar s’arrachant à prix d’or. « Je dirais qu’avant la guerre, si tu venais chercher chez moi les dollars, le temps c’était à 2900. Aujourd’hui, si tu viens chercher les dollars chez moi, tu as le franc congolais, 3200 voire même 3300 pour un dollar », confirme le cambiste Gédéon Misi. Pis encore, le vide laissé par le franc congolais est comblé par une monnaie étrangère. « Actuellement, les francs rwandais sont devenus monnaie courante ici à la petite barrière par rapport à avant la guerre », témoigne une vendeuse du marché de Birere.
L’économiste Emmanuel Amuli tire la sonnette d’alarme face à cette « insécurité économique grave ». Il prédit une crise de confiance durable dans le système bancaire, un risque de faillite pour les institutions fragiles et une « migration et les déplacements forcés de la population qui cherche quoi ? Une zone dans laquelle se trouve un climat financier favorable. Au-delà de l’économie, c’est tout le tissu social qui se désagrège. l’inaccessibilité aux services financiers prive les habitants de Goma de soins, d’éducation et des échanges les plus basiques, les enfermant dans un cycle de pauvreté destructeur.
La question brûlante demeure. Goma est-elle en train de devenir une zone sinistrée économiquement et socialement, faute de sa propre monnaie ?
(Avec TV5 Monde)

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