Kinshasa entretient un suspense électrique autour de son embargo sur les exportations de cobalt, imposé depuis quatre mois. Alors que la date fatidique du 22 juin approche, la RDC jongle avec des options délicates. Lever l’interdiction, instaurer des quotas, ou même prolonger le blocage ? L’incertitude alimente une flambée spectaculaire des prix sur le marché international, mais jusqu’à quand ?
Au Cobalt Congress 2025 à Singapour, le ministre des Mines Kizito Pakabomba a semé le doute, indiquant une réévaluation de l’embargo. Cette ambivalence, relayée par les autorités depuis des semaines, contraste avec l’évocation par la Première ministre Judith Suminwa Tuluka de quotas imminents. Plus énigmatique encore, le président Félix Tshisekedi a lui-même évoqué une possible « prorogation » de l’interdiction, tout en laissant planer le mystère sur de « nouvelles stratégies » pour stabiliser le marché et industrialiser localement.
L’ARECOMS, l’autorité de régulation à l’origine de l’embargo, reste étonnamment silencieuse, malgré son rôle de « seul organe habilité à s’exprimer publiquement » selon le chef de l’État. Son président, Patrick Luabeya, présent à Singapour, a même suggéré de nouvelles restrictions face aux stocks mondiaux élevés.
Kinshasa justifie ce jeu d’ombres par la sensibilité des marchés. En tant que premier producteur mondial, la RDC détient un pouvoir considérable sur les prix, comme l’atteste la hausse de plus de 50 % du cours du cobalt depuis l’embargo, passant de 21 000 à plus de 33 000 dollars la tonne à Londres. Cette envolée, alimentée par la baisse des stocks extérieurs et l’incertitude congolaise, pourrait cependant s’inverser brutalement en cas de levée soudaine de l’embargo.
Alors que les géants miniers CMOC et Glencore maintiennent leur production, tous les regards sont tournés vers le 22 juin. Quelle sera la prochaine manœuvre de la RDC ? Un afflux massif de cobalt sur le marché risque de doucher la récente embellie des prix. La stratégie congolaise, entretenir la tension pour maximiser les revenus ou opter pour une régulation plus pérenne via des quotas, déterminera la trajectoire du précieux métal et l’avenir de son exploitation. Le serpent cobaltin continue de fasciner et de menacer.

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